Un film qui explique la mondialisation

Les Français trop chers

Face à une main d'œuvre au moindre coup en Chine, les entrepreneurs français investissent à l'étranger. Fabriquer en France revient trop cher, il faut être concurrentiel. Si pour une heure brute d'assemblage, on paye 14 euros à un français, c'est seulement 1 euro qu'on paierait à un chinois. Le choix est rapide, tous les intervenants du film disent qu'ils n'ont en fait pas le choix. La France devrait-elle encore revenir en arrière : travailler 50-60 heures et se contenter d'une maigre soupe comme les chinois " se contentent d'un bol de riz " ? Voilà toute la logique de la mondialisation exposée dans le film documentaire de Gilles Perret, 38 ans, " ma Mondialisation ". Le réalisateur, ami du fils d'Yves Bontaz, a suivi ce dernier, grand industriel, de par le monde afin de mettre en lumière les mécanismes en jeu dans le phénomène de la mondialisation. Mais la mondialisation, c'est quoi ? On pourrait croire à une fatalité, or, Frédéric Lordon, économiste passionnant qui intervient dans le reportage, nous explique : " ce n'est pas un truc qui choit de la planète Mars (…) ce sont des politiques publiques, ce sont des États, qui l'ont mise en œuvre. En France, c'est une loi de déréglementation financière votée en 1985. " Notre économiste met aussi en avant que tous les acteurs de ce processus, dirigeants et ouvriers, souffrent, même si leur souffrance ne se situe évidemment pas sur le même plan. Lorsque cette souffrance touche de manière trop importante ceux qui tirent les ficelles, ils se retirent du jeu. Les ouvriers quant à eux sont dans l'impossibilité d'y échapper.
Entre hypocrisie et confidences, le dixième documentaire réalisé par Gilles Perret fait froid dans le dos. " Je crois que l'originalité du film est de donner à écouter leurs arguments (ceux des patrons), qu'on les juge recevables ou non. Ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils ne sont plus très à l'aise dans ce monde-là, qu'ils sont en passe de se faire rattraper par un modèle économique qu'ils ont, pendant de nombreuses années, largement soutenu " a-t-il témoigné à l'antenne de Radio Plus en mai 2006. Il est effectivement instructif de regarder ce film où, à partir d'un chef d'entreprise atypique de la vallée de la mécanique de précision en Haute-Savoie, on assiste au développement des conséquences fâcheuses du capitalisme.
À Vansoc, vendredi soir, nombreux sont ceux qui sont venus visualiser le documentaire tourné en France, Chine et République Tchèque. Yves Boulanger, le maire du village était présent ainsi qu'une représentante de la MJC et nombre de membres de la Vanaude à l'origine du projet. Enseignants et étudiants étaient aussi au rendez-vous. La projection a été suivie d'un débat.

Les films du Paradoxe, 86 mn.

Astrid Acevedo
pour Le Réveil du Vivarais

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