Soirée
de La Vanaude instructive et émouvante "d'Ischia
à Oran la multicolore".
Accompagné de ses frères Robert, le vanoscois,
et Alfred ainsi que d'Anne-Marie Briand, Jean Mattera
a d'abord dressé un résumé de l'histoire
dense et complexe de l'Algérie: des berbères
aux romains, des kabyles aux arabes, des ottomans aux
espagnols jusqu'aux français débarqués
en 1830 à Sidi Ferruch.
S'en est suivi plus tard, en 1871, l'arrivée de
communards, indésirables dans l'hexagone, en 1872
des alsaciens qui n'ont pas voulu devenir allemands après
la guerre de 70-71, et en 1880 des languedociens dont
les vignes avaient été détruites
par le phylloxéra.
Les
conflits pour l'unité du territoire en Italie ont
également engendré une immigration massive
, notamment des napolitains, vers l'Algérie.
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Giuseppe
Mattera et Angela Maria Conte arrivent à
Mers-El-Kébir en 1876
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C'est
dans cette période que Giuseppe et Angela Mattera
quittent leur île natale, Ischia, sur une modeste
embarcation et arrivent à Mers-El-Kébir
où Antoine, le grand-père de Jean, Robert
et Alfred, naît en 1885.
De nombreuses personnes migreront du Levantin espagnol,
comme les aïeux maternels de la famille Mattera,
José et Ligoria Espi, arrivés à Oran
en 1887.
Les mahonnais, de l'archipel des Baléares, où
règne la misère, opteront eux aussi pour
Oran.
Jean
Mattera a ensuite abordé la colonisation planifiée.
De 1831 à 1880 s'est d'abord déroulé
le peuplement et l'aménagement des plaines côtières
et de 1850 à 1900 la colonisation des hautes plaines.
Il a illustré son propos par différentes
affiches émises par les autorités françaises
: des avis aux ouvriers, des ventes de lots de terrains
mais aussi des expropriations.
Il est résulté le déplacement de
la population autochtone vers des terres peu voire pas
cultivables, sans doute une source de difficultés
ultérieures.
L'origine multicolore des nouveaux habitants n'a pas empêché
que se constitue un ciment de valeurs partagées
et une vraie reconnaissance du ventre et du cur
à cette terre d'accueil.
D'importants travaux ont été engagés,
asséchement de marais, irrigation, constructions
diverses
Les paysans, pêcheurs et ouvriers ont apporté
leurs compétences et leur énergie.
L'agriculture maraîchère, la culture du tabac,
l'arboriculture, la vigne et la pêche se sont considérablement
développées.
Dans
ce melting pot, des familles comme la famille Mattera
ou celle d'Anne-Marie Briand se sont parfaitement intégrées
à cette nouvelle vie où régnaient
respect, convivialité et fraternité.
Il en est découlé l'émergence d'une
identité spécifique.
La politique d'intégration de cette nouvelle population
provenant de différents coins d'Europe a facilité
l'obtention de la nationalité française.
Alors
que la France vivait au début du XXème siècle
à l'heure de la séparation de l'église
et de l'état, des églises étaient
construites en terre oranaise.
Le
régime économique était aussi particulier.
Il convenait que les produits de l'Algérie ne concurrencent
pas ceux de métropole. Des adaptations ont permis
à certaines marques de connaître un vrai
succès.
Jean Mattera n'a pas manqué de souligner, qu'outre
Albert Camus, de nombreuses personnalités nées
en terre algérienne ont marqué leur époque
dans le monde de la culture, du journalisme, du spectacle
ou du sport.
Sont
ensuite survenus les événements, cette guerre
qui ne disait pas son nom et le départ, pas facile
de cette terre natale.
L'adaptation à la vie en métropole ne fut
pas aisée.
La
famille Materra a eu l'occasion de retourner à
Oran.
L'accueil fut chaleureux et le plaisir de cette visite
fut immense.
Comme l'ont dit les intervenants "Ce n'est plus
notre pays, mais c'est toujours chez nous."
Une manière de rappeler qu'on n'oublie jamais son
enfance, surtout si elle a été heureuse
comme ce fut le cas pour eux.
Les
trois frères ont, en conclusion, avec la gentillesse
qui les caractérise, offert au public le verre
de l'amitié et de succulentes pâtisseries
maisons dont les fameux mantecaos.
Yves
Boulanger
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