LA DEMOISELLE, UNE SACRÉE INSTIT
La demoiselle dont il est question a aujourd'hui 93
ans et toute sa -précieuse-mémoire.
Paule
BOUIX est venue à La Vanaude, parler de sa carrière
d'institutrice.
Quelle leçon de vie, quelle leçon d'histoire
contemporaine et quelle leçon de République
!
Le
public a pu la suivre de son premier poste à
Vals les Bains en 1951 jusqu'à sa dernière
affectation à l'école du Champ de mars
d'Annonay, en passant entre autres par Usclades-et-Rieutord,
Valorge, Lagorce, St Martin de Valamas, Cordeliers Annonay,
Cheminas, St Barthélémy-le -Meil, Savas
(Eteize), Vernosc, St Félicien (Pojot), Charmes,Flaviac,
Chatinais, collège des Cordeliers, Devesset,
St Julien du Gua, St Prix, Flaviac, St Julien Vocance
(Lauthéal) et Villevocance
Elle a donc
sillonné une bonne partie de l'Ardèche.
Avec
donc une mémoire étonnante, Paule a raconté
ses trajets en car, en charrette et bien sûr,
à pied, ses diverses installations, parfois à
l'Hôtel ou chez l'habitant pour les remplacements
courts, parfois dans des locaux municipaux souvent,
en début de carrière, sans eau et sans
confort.
Elle garde un souvenir précis et ému des
gens qui l'ont gentiment accueillie
Moult souvenirs jaillissent d'ici ou là
.
Comme cette famille modeste qui avait acheté
un tourne-disque sur lequel une jeune fille écoutait
du Molière, du Hugo et du Pagnol
comme,
à St Félicien, cet élève
brillant dont le directeur de l'école normale
dans une session de formation avait évoqué
la qualité d'un devoir et dont elle appris plus
tard, bouleversée, le décès.
Evidemment, l'hiver 56 à Devesset fut long et
pénible avec des températures de -33°,
difficultés compensées par l'accueil chaleureux
des habitants et particulièrement de la famille
du Pasteur Morel qui avait été un grand
résistant.
Quand elle a évoqué Lauthéal, et
oui, il y avait une école dans ce hameau, elle
a expliqué que les gens l'ont volontiers aidée
à transporter ses affaires et que il s'agissait
essentiellement du patronyme Desgrand
Des sorties scolaires, à Paris et Lyon, en coopération
avec les écoles publiques des villages de la
Vocance, les premières utilisations de la radio
scolaires restent bien gravées dans ses souvenirs
Quant
à Villevocance, où elle est restée
institutrice pendant 9 ans, Paule en garde également
un excellent souvenir, avec la première classe
de filles dont la toute première Brigitte Chomel-Mourier
était présente dans la salle
Emotion.
Les
aspects pédagogiques toujours intéressants
furent abordés au fil de l'eau de cette soirée,
en tous points, passionnante.
Comment ne pas penser à "Une soupe aux herbes
sauvages", l'ouvrage d'Emilie Carle, qui a, elle
aussi formidablement retracé sa carrière,
dans les Hautes-Alpes dans les années 20.
Il
serait très pertinent que l'invitée de
La Vanaude publie elle aussi son parcours.
L'idée a, bien entendu, été lancée
A Paule de voir
Le
texte ci-dessous que Paule a écrit en conclusion
de ses notes personnelles donne une bonne idée
de son talent :
Yves Boulanger
|
De
mes années vagabondes, je me souviens
Je
me souviens
De toutes ces classes si différentes, et de tous
ceux
qui assis sur le même banc, seront
pour toujours " des copains d'école.".
Je
me souviens
de la famille et de mes parents qui ont
toujours veillé à mon bien-être
et souvent
caché leur inquiétude.
Je
me souviens
des amis penchés sur une carte de l'Ardèche,
des beaux paysages, des vieilles pierres.
Je
me souviens
des collègues qui m'ont aidée, des parents
attachés à leur école
des braves gens qui m'ont hébergée, simplement.
Je
me souviens de toi qui m'avais dit " fais toi instit
" et
Du début de notre dictée au Certificat
d'études
-un texte de Michelet-
" La faim n'a pas été le seul tourment
de
mon enfance. Je me souviens surtout que j'ai eu froid.
"
..moi aussi
Paule
BOUIX
|