Compte
rendu de la soirée
Hommage
aux AUBRAC
"Il faut faire quelquechose"
Belle
initiative des enseignantes que d'avoir pensé,
dix ans après sa disparition, à rendre
hommage à Raymond Aubrac dont leur école
porte le nom.
Qui mieux qu'un membre de la famille pouvait venir parler
de Raymond, mais aussi de l'extraordinaire Lucie
?
C'est
donc Olivier Vallade, l'un des dix petits-enfants
qui s'est rendu à Vanosc ce vendredi 24 juin
2022, pour une double intervention, à l'école
et lors d'une soirée de La Vanaude.
Comme
savait parfaitement le faire son grand-père,
Olivier s'est mis à la portée des élèves.
D'abord en classe où sous la houlette de leur
maîtresse les questions pertinentes des jeunes
fusèrent et ensuite, en présence de leurs
parents, à l'annexe, où ils présentèrent
leurs textes, la poésie "Liberté"
d'Eluard, puis la chanson "On écrit
sur les murs". Un message de paix touchant.
Olivier
Vallade les remercia de cet émouvant hommage
et rappela le message humaniste de ses grands-parents
: respect des autres, attachement aux valeurs de la
République, à la justice, à la
solidarité, à la dignité de l'homme
et au rejet du racisme
Eliane
Mazet, ancienne élève de l'école
et actuellement présidente de l'ANACR Amis de
la Résistance, comité d'Annonay, s'associa
à ce moment fort.
Naturellement,
le livre en cours de préparation pour rappeler
la Résistance et la Libération en Ardèche,
à partir des noms de rues, de bâtiments,
de stèles
fut évoqué.
Il est probable que le titre comporte une citation de
Raymond Aubrac.
D'ailleurs, les jeunes vanoscois rédigeront un
texte. Ils y travaillent déjà et nul doute
qu'ils le complèteront à la suite du précieux
témoignage de leur invité.
Comme
son grand-père, et sa tante Elisabeth
en 2013, Olivier a débuté sa journée
vanoscoise par la visite du musée du car, est-il
nécessaire de préciser que l'historien
au CNRS qu'il est, a été passionné
et impressionné par le parcours de Joseph
Besset.
Comme Raymond, lors de la soirée Vanaude,
il a captivé son auditoire. Il a rappelé
le parcours de ses grands-parents.
Lucie est issue d'un milieu très modeste,
son père était journalier vigneron et
sa maman domestique. Repérée par ses enseignants,
elle poursuivra de brillantes études la conduisant
à l'agrégation d'histoire réussie
à l'âge de 26 ans.
Nommée à Strasbourg, elle y rencontre
un jeune ingénieur des Ponts et Chaussée
alors au service militaire, Raymond Samuel. Ils
partagent les mêmes valeurs humanistes.
Dès le début de la guerre, ils se disent
qu'il faut faire quelque chose contre l'occupation et
contre la voie de la collaboration. Avec Emmanuel
d'Astier de la Vigerie , ils font de "Libération
sud" le mouvement de résistance le plus
important, après Combat, de la zone sud.
Les parents et le frère de Raymond sont
arrêtés et déportés à
Auschwitz.
Olivier est revenu sur l'audace et le courage
de Lucie qui avec ses amis résistants
a permis à deux reprises de libérer Raymond
qui avait alors choisi le nom d'Aubrac, nom qu'il
conserva ensuite.
Même
s'il n'est pas totalement satisfaisant, le film de Claude
Berri a permis de porter à connaissance du
grand public l'épisode de la libération
de Raymond des griffes de l'ignoble Klauss
Barbie après l'arrestation de Caluire, arrestation
malheureusement fatale à Jean Moulin.
Après
avoir déroulé la suite de l'histoire,
notamment l'assemblée consultative d'Alger, le
Conseil National de la Résistance et son important
programme (Sécurité sociale, retraite,
nationalisation, éducation populaire
) ,
Olivier ne manqua pas de parler de la fonction de commissaire
de la République exercée par son grand-père
à Marseille à la Libération.
Raymond a eu à y assumer de lourdes responsabilités
comme le droit de grâce, la reconstruction économique
et sociale.
Il évoqua aussi, ses missions, dans les années
60, à la FAO (organisation des nations unies
pour l'alimentation et l'agriculture.
L'
intervenant a conclu en rappelant l'engagement de ses
grands-parents dans la transmission des valeurs de la
Résistance.
Lucie a véritablement sillonné
l'hexagone pour témoigner.
Son nom a été donné à plus
d'une centaine d'écoles, collèges, médiathèques
ou rues
Plus tard, Raymond a donné lui aussi de
sa personne.
C'est ainsi qu'il venu à quatre reprises à
Vanosc et que son nom a été donné
à l'école publique.
En 2004, Lucie et Raymond, ont signé
un appel des Résistants aux jeunes générations
avec Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe
Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane
Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise
London, Georges Séguy, Germaine
Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice
Voutey.
Dans
leur sillage, leur famille, a décidé de
reprendre le flambeau.
C'est vital.
Yves
BOULANGER
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