Le bus gratuit, une politique payante ?
Quelles évolutions dans les métiers du bus ?

Par Julie Vaslin , chercheure

Compte rendu

Le sujet des mobilités est devenu un enjeu social et économique majeur. De nombreuses collectivités organisatrices de Transports s'interrogent sur cette question des plus complexes.

En 2020, l'association de chercheurs VIGS a réalisé pour l'ADEME un rapport sur les transformations des organisations et des métiers du transport, suite au passage à la gratuité à Dunkerque.
L'enjeu de ce travail, porté par Julie Vaslin et Maxime Huré, était de comprendre s'opère, concrètement, une politique de gratuité des transports en commun dans une ville.

En parallèle, une note méthodologique sur l'évaluation de la gratuité a été réalisée par l'Observatoire des villes du transport gratuit, pour l'ADEME. Cette note synthétise l'état des réflexions sur le sujet : elle a notamment vocation à alimenter la réflexion de tous ceux qui se questionnent sur la pertinence et aussi la façon d'engager une évaluation sur un territoire donné, en amont ou en aval d'une politique de gratuité.

Julie Vaslin, politiste et autrice de ces deux rapports, viendra présenter le fruit de ses recherches.

Des exemples concrets concernant plusieurs villes, seront abordés pour mieux comprendre cette question :

  • Pourquoi fait-on le choix de la gratuité ?
  • Comment cette politique peut-elle être mise en oeuvre ?
  • Quels sont ses effets sur l'exploitation des réseaux ?
  • Et finalement, est-ce que la gratuité des transports urbains peut s'avérer payante ?
  • Quels pourraient en être les points positifs et auprès de quels publics ?
  • Quels sont les écueils possibles, on pense notamment aux questions budgétaires ?

Vendredi 1er octobre à 20h30, à l'Annexe municipale de Vanosc, place des Droits de l'Homme.
Entrée gratuite. Gestes barrières toujours en vigueur.

Le réseau de Dunkerque, sujet de l'étude de J.Vaslin,
va recevoir des URBANWAY annonéen


Compte rendu

TRANSPORTS en COMMUN : L'APPORT DE LA RECHERCHE

Membre du comité scientifique de l'Observatoire des villes du transport gratuit, Julie Vaslin, a dressé un historique de la démarche initiée par les élus de Dunkerque.

Il est vrai que dans la ville du nord, il s'agit d'une évolution progressive.
En effet, des gratuités partielles ont été mises en place dès 1976, suivies 20 ans plus tard d'une tarification solidaire innovante, puis en 2015 de l'instauration de la gratuité lors des week-ends et des jours fériés, et enfin de la gratuité totale en 2019 pour les usagers.
La recherche d'un gain de pouvoir d'achat pour les habitants, n'est sûrement pas étrangère à ce choix d'un service public renforcé de la mobilité.

La chercheure a bien sûr élargi son propos au niveau national.
35 réseaux, répartis dans l'hexagone, gérés par des élus de différentes couleurs politiques, pratiquent à ce jour la gratuité.
376 communes sont concernées soit plus de 1 500 000 habitants.

Les craintes, certains parlaient d'une ineptie, des différents acteurs furent abordées, incivilités, de dégradations du statut, le conducteur n'étant plus receveur, disparition du métier de contrôleur …

L'approche sociologique de la gratuité des transports avec des études chiffrées montrent une évolution intéressante.
Les conducteurs qui ont été associés à une nouvelle définition de leur mission et les services se sont retrouvés au cœur du dispositif de l'action municipale ou intercommunale. Gratifiant.

Sur le plan environnemental, le gain n'est pas encore très visible.
La question est liée à l'utilisation persistante en nombre de la voiture.
Les enjeux d'urbanisme sont plus évidents. Des réflexions très poussées, mobilisant des expertises renouvelées, ont conduit à repenser des réseaux et leur environnement. Des places et des rues ont été refaites, des pistes cyclables largement améliorées.

Naturellement la question financière ne fut pas éludée.
Le versement mobilité, versé par les entreprises a été abordé de manière concrète.
Les grandes collectivités ont la possibilité de lever un important taux de versement mobilité, pouvant atteindre 2 %. Ainsi le réseau de Dunkerque a collecté une masse financière importante pour faire face aux choix retenus.

Les aides à l'investissement sont fondamentales.
Ces aides sont entre autres connectées à l'utilisation de Bus à Haut Niveau de Service en site propre, bus dotés d'équipements permettant un passage prioritaire aux feux et rond- points, pour assurer une desserte à une fréquence de passage de 10 mn, en heures de pointe.
A Dunkerque, la flotte de véhicules et le nombre de conducteurs ont augmenté, comme le nombre de kilomètres de production.

Les échanges avec le public furent denses et riches. Frédéric Betton, directeur des mobilités, à Annonay Rhône Agglo, a, lui aussi, apporté son expertise pour nourrir le débat et inviter à la réflexion.

La gratuité ne permet pas de résoudre tous les enjeux de la mobilité (sociaux, économiques, environnementaux) mais elle permet de la placer au cœur des projets urbains en devenant la locomotive du renouvellement des mobilités.

Soirée fort intéressante qui, si besoin était, a fait prendre conscience du rôle important de la recherche qui ne peut qu'éclairer les citoyens et leurs élus.

 

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