Le lien conjugal à l’épreuve de la Grande Guerre
Clémentine Vidal-Naquet

Le vendredi 27 février, à 20h30 La Vanaude abordera une nouvelle fois à la Grande Guerre, en recevant Clémentine Vidal-Naquet qui s’est intéressée aux répercussions du conflit sur la sphère intime.

A la seule échelle de la France, entre 1914 et 1918, la séparation, vécue par au moins cinq millions de couples, fut une expérience éminemment intime mais largement partagée au plan collectif.
Alors que le conflit les contraint à vivre à distance, la plupart des couples ont
poursuivi leur vie intime par le biais de leurs seuls échanges épistolaires.
Quelles formes
prend une relation amoureuse entièrement tournée vers l’écrit ?

Clémentine Vidal-Naquet est agrégée et docteure en histoire.

Elle a publié "Couples dans la Grande Guerre. Le tragique et l’ordinaire du lien conjugal", Paris, Belles Lettres, 2014
et "Correspondances conjugales 1914-1918. Dans l’intimité de la Grande Guerre", Paris, Robert Laffont, collection "Bouquins 2014".
Elle a été l’invitée de plusieurs émissions notamment sur LCP à Bibliothèque Médicis et sur Radio France.

Vendredi 27 février 2015, 20 heures 30, salle de l'annexe, place des Droits de l'Homme à Vanosc.

Entrée gratuite.

 


Comptes rendus



L'amour dit merci à la guerre

Clémentine Vidal-Naquet est agrégée et docteure en histoire. Elle animait le vendredi de la Vanaude consacré à la vie conjugale pendant la "Grande guerre" et les répercussions du conflit sur la sphère intime.
Elle a étudié des milliers de lettres écrites entre 1914 et 1919, s'intéressant plus particulièrement à une quinzaine de couples échangeant régulièrement.
Elle a abordé les thèmes essentiels nécessaires à la compréhension de l'agissement en profondeur de ce premier conflit mondial : le remplacement des hommes par leurs femmes aux affaires et dans la gestion du foyer et les difficultés économiques nouvelles rencontrées, l'ébranlement de l'institution maritale, le mélange de l'horreur et du quotidien, l'omniprésence, pour la première fois dans l'histoire, de l'échange épistolaire.
Elle a surtout souligné l'émergence d'un phénomène nouveau : la manifestation écrite, de plus en plus libérée, du désir sexuel et de l'amour grandissant entre ces couples séparés pendant plus de 5 ans pour les plus chanceux et à jamais pour les autres.
"Je dis merci à ce conflit de m'avoir appris à quel point je t'aime", écrivait, par exemple, un poilu.


Le tragique et l'ordinaire.

Clémentine Vidal-Naquet, agrégée et docteure en histoire est intervenue vendredi soir dernier dans l'antre de la Vanaude. Sujet : "Le lien conjugal à l'épreuve de la grande guerre". Un thème dans lequel se lie amour, mort, absence, attente, espoir... Une approche maniée de main de maître.

La mobilisation de milliers d'hommes dans ce qui deviendra la Première guerre mondiale, a de fait séparé des milliers de couples, de familles. De manière brutale, la séparation se joue et bouscule vies et quotidiens. A cette époque là, l'amour parlé n'est pas encore une norme pour le couple.

L'appui de deux clichés pris aux abords de la gare de l'est à quelques secondes d'intervalles, permet une entrée en matière en douceur. L'intimité d'un couple y est partagée. Mis côte à cote, on amorce la guerre dans l'absence de l'autre. C'est l'heure des au-revoir, de l’abattement. Un pacte va alors se sceller dans le couple, rythmant la fréquence des écrits, la conservation d'un lien, d'un quotidien. Tenter, s'il est possible, de pallier aux manques affectifs, sexuels, aux manques de repères et ainsi rendre l'omniprésence de la mort plus supportable.

C'est au travers de milliers de correspondances, que son travail aura été mené.

L'étude de cette pratique sociale, qui aura pris quatre années durant, une dimension plus particulière aura permis de mettre en lumière des sentiments amoureux dont les liens avec le temps se perdent ou s’intensifient. Où le temps permet alors d'exprimer ce que jusque là on n'osait pas se dire...

Noémie Pain
Le Reveil du Vivarais

 

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