Soirée débat avec la projection du film
La bataille de la plaine

Compte rendu de la soirée

"Marseille, février 2019, La Plaine est encerclée par un mur de 2m50 de haut pour assurer le bon déroulé des travaux. Il enferme brutalement le rêve d'un quartier fait et pensé par ses habitants. Après 3 ans de bataille tumultueuse comment donner à voir ce qui n'est plus sur les images et qu'on est pourtant sûrs d'avoir vécu ? "

De 2016 à fin 2019 la place Jean Jaurès, plus connue comme "la Plaine", dans le centre de Marseille, a été le théâtre d'une bataille tumultueuse. D'un côté, les services d'urbanisme de la mairie, déterminés à mener un important programme de "requalification" du quartier.
De l'autre, une partie des habitants, qui y voyaient une opération de "gentrification", et réclamaient d'être associés aux décisions.
Cette bataille épique se termina par l'occupation de la place par les opposants, devenue Zone à Défendre, puis par la construction brutale, par la municipalité, d'un mur en béton de 2,50 m de haut tout autour de la Plaine. Une opération aux allures militaires, au milieu des gaz lacrymogènes, symbole surréaliste d'une politique urbaine qui a fait son temps.
Mais comment donner à voir ce qui n'est plus là et qu'on est pourtant sûr d'avoir vécu ?
Refusant de s'arrêter au récit d'une défaite, le film s'évade dans une dystopie révolutionnaire. Il proclame une forme de victoire dans l'aventure humaine collective et envisage une autre idée de fabriquer la ville.

"La bataille de la Plaine" raconte cette longue lutte, de 2016 à 2018, des habitants du quartier de la Plaine, en centre-ville, peuplé depuis toujours. Le film circule bien, dans une démarche d'autodiffusion et d'auto-distribution totale, après l'avoir autoproduit !
La bataille s'est finie par ce qu'il faut bien appeler une défaite, mais le film s'envole sur la fin vers une allégorie qui en fait un moment de grâce collective dont se nourriront de nouvelles luttes…
La projection sera suivie d'un débat, conduit par Emmanuelle Yanni.
Elle nous présentera d'autres exemples de "gentrification".

A l'Annexe municipale de Vanosc, Vendredi 25 février 2022 à 20h30.
Participation libre aux frais…

Bande annonce


Compte rendu de la soirée


LE POT de TERRE contre le POT de FER

Ce vendredi 25 février, Emmanuelle Yanni, nouvelle vanoscoise, a présenté le film réalisé par Primitivi et a animé les échanges qui ont suivi. D'emblée , elle a précisé qu'il s'agissait, à l'évidence d'un film partisan.

La place Jean Jaurès, dans le quartier historique de la plaine a été de 2016 à 2018 le théâtre de, ce qu'il faut bien appeler une lutte entre des habitants et la Métropole .
A partir du XIIIème cette place pas encore urbanisée a servi de camp pour les croisés et plus tard d'accueil de différents monarques.
Au XVIIIème le lieu s'urbanise pour des familles de la bourgeoisie , souvent des négociants dont les salariés résidaient dans les rues adjacentes.
La commune éphémère de 1871 y eut droit de cité. Et, du reste, l'esprit de la commune a longtemps flotté sur le quartier.
Depuis 1893, un marché s'y déroulait. Plus exactement deux marchés, un marché de gros qui induisait une vie nocturne intense et en journée un marché de détail avec près de 400 forains dans les dernières années. Un espace d'échanges et de rencontres cosmopolites. Un bouillonnement fort sympathique.
Les anciens interrogés dans le film rappelaient leur attachement à cette place où "tous les milieux se retrouvaient", une personne précisait que sa grand-mère y avait travaillé pendant 72 ans… Bref, malgré quelques problèmes, tous s'y sentaient bien.

Et la Métropole arriva avec son fameux projet de "montée en gamme" , de requalification du quartier qui a, pour Emmanuelle, abouti à une "déqualification"des habitants. Certains ont dû déménager.
Pour réaliser les travaux, les élus ont carrément "bunkérisé" le site en dressant un mur en béton de 2,50 m de hauteur… et l'urbanisation à marche forcée s'est réalisée au prix de l'abattage de beaux arbres , de la démolition de mobilier en bois fabriqué avec soin par les habitants, le tout, avec la présence musclée des forces de l'ordre. On ne peut que comprendre l'émotion qui a pu en découler.
Résultat une urbanisation moderne, qui fait que, désormais, "La plaine, ça ressemble à n'importe où", on a en effet le sentiment d'une vraie et navrante perte d'identité….

Quel dommage que la Métropole d'Aix-Marseille-Provence n'ait que si peu écouté les habitants, si peu dialogué avec ces gens qui montraient un vif et réel intérêt pour ce sujet qui les touchaient profondément .
Les choses eussent pu être différentes…

Mais l'histoire du pot de terre contre le pot de fer se répète malheureusement.
Qu'en aurait pensé Jean Jaurès dont la place porte le nom ?
Connaissant l'humanité du personnage, on a facilement une idée sur la question.

En fin de soirée Emmanuelle projeta un autre documentaire sur le quartier de la Guillotière à Lyon où un scénario similaire sur de nombreux points a été vécu par les habitants.

Yves Boulanger

 

 

Voir le site Internet https://labataille.primitivi.org/

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