LE POT de TERRE contre le POT de FER
Ce
vendredi 25 février, Emmanuelle Yanni, nouvelle
vanoscoise, a présenté le film réalisé
par Primitivi et a animé les échanges qui
ont suivi. D'emblée , elle a précisé
qu'il s'agissait, à l'évidence d'un film
partisan.
La place
Jean Jaurès, dans le quartier historique de la
plaine a été de 2016 à 2018 le théâtre
de, ce qu'il faut bien appeler une lutte entre des habitants
et la Métropole .
A partir du XIIIème cette place pas encore urbanisée
a servi de camp pour les croisés et plus tard d'accueil
de différents monarques.
Au XVIIIème le lieu s'urbanise pour des familles
de la bourgeoisie , souvent des négociants dont
les salariés résidaient dans les rues adjacentes.
La commune éphémère de 1871 y eut
droit de cité. Et, du reste, l'esprit de la commune
a longtemps flotté sur le quartier.
Depuis 1893, un marché s'y déroulait. Plus
exactement deux marchés, un marché de gros
qui induisait une vie nocturne intense et en journée
un marché de détail avec près de
400 forains dans les dernières années. Un
espace d'échanges et de rencontres cosmopolites.
Un bouillonnement fort sympathique.
Les anciens interrogés dans le film rappelaient
leur attachement à cette place où "tous
les milieux se retrouvaient", une personne précisait
que sa grand-mère y avait travaillé pendant
72 ans
Bref, malgré quelques problèmes,
tous s'y sentaient bien.
Et la
Métropole arriva avec son fameux projet de "montée
en gamme" , de requalification du quartier qui a,
pour Emmanuelle, abouti à une "déqualification"des
habitants. Certains ont dû déménager.
Pour réaliser les travaux, les élus ont
carrément "bunkérisé" le
site en dressant un mur en béton de 2,50 m de hauteur
et l'urbanisation à marche forcée s'est
réalisée au prix de l'abattage de beaux
arbres , de la démolition de mobilier en bois fabriqué
avec soin par les habitants, le tout, avec la présence
musclée des forces de l'ordre. On ne peut que comprendre
l'émotion qui a pu en découler.
Résultat une urbanisation moderne, qui fait que,
désormais, "La plaine, ça ressemble
à n'importe où", on a en effet
le sentiment d'une vraie et navrante perte d'identité
.
Quel
dommage que la Métropole d'Aix-Marseille-Provence
n'ait que si peu écouté les habitants, si
peu dialogué avec ces gens qui montraient un vif
et réel intérêt pour ce sujet qui
les touchaient profondément .
Les choses eussent pu être différentes
Mais
l'histoire du pot de terre contre le pot de fer se répète
malheureusement.
Qu'en aurait pensé Jean Jaurès dont la place
porte le nom ?
Connaissant l'humanité du personnage, on a facilement
une idée sur la question.
En fin
de soirée Emmanuelle projeta un autre documentaire
sur le quartier de la Guillotière à Lyon
où un scénario similaire sur de nombreux
points a été vécu par les habitants.
Yves
Boulanger
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